Disparu de Nantes: un corps retrouvé, trois policiers en garde à vue
Le corps d'un homme de type nord-africain qui pourrait être celui de Taoufik Amri, disparu à Nantes le 22 novembre à la suite d'un contrôle de police, a été retrouvé mardi dans un canal de la ville et trois policiers ayant procédé à ce contrôle ont été placés en garde à vue.
Un corps encore non identifié a été découvert mardi après-midi par des plongeurs dans le canal Saint-Félix, au centre de Nantes, à proximité duquel ce jeune ouvrier tunisien de 33 ans, avait été vu pour la dernière fois après son contrôle par les policiers.
Le corps découvert, dont l'autopsie était en cours mardi en fin d'après-midi, est celui "d'un homme de type nord-africain", a-t-on indiqué mardi de source policière. Il a été découvert "dans la partie évasée du canal Saint-Félix", dans le centre de Nantes, "coincé sous un des bateaux amarrés à un ponton", a-t-on précisé de même source.
Trois policiers qui avaient procédé au contrôle de Taoufik Amri ont été placés en garde à vue mardi pour s'expliquer devant l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) "sur les variations dans leurs témoignages quant aux lieux où ils ont procédé au contrôle de M. Amri et ou ils disent l'avoir relâché", selon une source policière.
Le procureur de la république de Nantes Stephan Autin avait indiqué auparavant avoir saisi l'IGPN à la suite de "contradictions importantes entre les déclarations des témoins et celles des policiers" concernant les conditions dans lesquelles le contrôle de M. Amri s'était déroulé.
Ce père de famille de 33 ans a disparu dans la nuit du 22 au 23 novembre après avoir été interpellé dans le centre de Nantes par une patrouille de police pour un contrôle d'identité, alors qu'il déambulait en état d'ébriété avec deux collègues de travail.
L'enquête a confirmé la version des policiers quant aux horaires de l'arrestation et du retour de la patrouille au commissariat, intervenus à une dizaine de minutes d'intervalle.
Elle a en revanche relevé, selon le procureur, des contradictions sur trois autres points: le lieu où le contrôle a été effectué et celui où M. Amri a été relâché, son degré d'ébriété au moment de l'interpellation et "la nature des opérations du contrôle" menées par la police.
Des témoins ayant assisté à la sortie de M. Amri du fourgon de police ont toutefois affirmé que ce dernier semblait normal. "Il n'y a pas sur ce point de déclarations indiquant que (M. Amri) aurait été maltraité", a souligné M. Autin.
Il a réaffirmé n'avoir aucune information sur d'éventuels problèmes disciplinaires concernant les trois policiers de la patrouille ayant contrôlé le disparu. "A ma connaissance, nous n'avons pas d'antécédents sur ces fonctionnaires de police", a-t-il déclaré.
Les collègues de M. Amri, MM. Jehaider et Mansour Benchenina, ont indiqué que l'interpellation s'était déroulée sans violence, la jugeant même "normale" compte tenu de l'état d'ébriété de leur ami. Ils ont en revanche estimé que les policiers auraient dû "l'emmener directement au poste car il ne fallait pas le laisser dans la rue" compte tenu de son état. Une estimation contestée par les policiers qui ont affirmé que M. Amri n'était pas dans un état d'ivresse nécessitant de le conduire au poste.
Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait annoncé vendredi qu'il avait demandé "un rapport à l'IGPN pour savoir ce qui s'est passé".
La France a également été saisie d'une "demande d'information" par la Tunisie sur la disparition de M. Amri.