Le mans : Coups de « calibre » pour dette de cannabis

Coups de « calibre » pour dette de cannabis


Trois hommes ont été condamnés, hier, à trois et six ans de prison après avoir été impliqué dans un règlement de compte à l'arme à feu sur fond de trafic de cannabis.

Portique de sécurité à l'entrée. Policiers en grand nombre. Ambiance tendue, vendredi après-midi, dans la salle d'audience du tribunal correctionnel du Mans. Dans le box des détenus : trois hommes serrés entre onze gendarmes. D'un côté, Taoufik Elouardi, un Alençonnais de 32 ans, est assis près d'Arif Poyraz, un Turc de 37 ans déjà condamné à 6 reprises. À l'autre bout, cheveux ras et jogging blanc, Hamid Ben Salam, Manceau d'origine marocaine. 30 ans et dix mentions au casier judiciaire.

« Le 21 septembre dernier, votre confrontation chez le juge d'instruction s'est très mal passée. Il y a eu des insultes, des menaces martèle la présidente D'Airdailhon-Miramon qui les prévient : Aujourd'hui, votre intérêt est que le débat soit le plus serein possible. »

Deux affaires distinctes mais liées à une dette portant sur 5 kg de haschich jamais payés valent à ces trois hommes de comparaître devant la justice. Les faits remontent au mois de juin et juillet 2005 au Mans. À peine libéré de prison d'où il est sorti le 5 mai 2005, Hamid Ben Salam croise la route de Taoufik Elouardi et d'Arif Poyraz. C'est au petit frère de ce dernier qu'il doit 12 000 €. « Je suis tombé en prison avant de l'avoir remboursé », confirme le Manceau. Le téléphone portable d'Hamid Ben Salam ne cesse de sonner. On lui réclame l'argent. « Je ne dormais plus chez moi. J'avais peur d'un guet-apens dans une cave », reconnaît-il. Dans le quartier Ronceray-Glonnières où il habite, des amis l'informe à plusieurs reprises : « Arif et un autre homme sont à ta recherche. »

Près du cimetière Sud

Dans la nuit du 23 au 24 juin 2005, Hamid Ben Salam ne parvient pas à leur échapper. Le fuyard raconte : « Ils m'ont emmené près du cimetière Sud. Taoufik a sorti une arme. Le coup de feu est parti. Je ne sais pas si le geste était intentionnel. » Bilan des courses : le Manceau est blessé à l'épaule. Autre son de cloche de Taoufik Elouardi et Arif Poyraz qui sont formels : ce n'est pas eux qui ont tiré. Personne d'ailleurs ne les a vus. Ils avancent une autre version : Hamid Ben Salam aurait été blessé lors d'un « deal » qui a mal tourné avec des gens de Tours. Les policiers sont informés que des coups de feux ont été tirés. Mais Hamid Ben Salam, pourtant invités à se confier aux enquêteurs qu'il est allé voir, ne brise pas l'omerta. Et garde le silence sur l'identité de ses agresseurs. « Ensuite, j'ai dit à Arif Poyraz que les policiers étaient au courant de notre problème. Je pensais que ça allait calmer l'affaire. » Erreur. Hamid explique que les coups de fils continuent. Que le harcèlement se poursuit. Pendant encore trois semaines.

Elouardi prend une balle

Le 14 juillet, vers 18 h, le duo retrouve le Manceau dans un Kebab du quartier de Pontlieue. Mais cette fois-ci, c'est Hamid Ben Salam qui sort une arme : un pistolet calibre 11,43. Il tire à plusieurs reprises. Taoufik Elouardi prend une balle dans la jambe.

Au final, les trois hommes seront interpellés les uns après les autres et placés en détention. Le dernier il y a à peine un mois.

Même si elle reconnaît que le dossier repose sur « des faisceaux de témoignages », la procureure réclame pourtant des peines lourdes : 4 ans de prison contre Ben Salam et 6 ans contre Elouardi et Poyraz. Des faits graves « mais aucun élement matériel, défend Me Margulis, avocat d'Arif Poyraf, on veut transformer le mobile de la dette en preuve. On ne peut pas juger sur rien. Qu'y a-t-il d'irréfutable · Pas de douille. Pas de sang. Pas d'arme ! » Me Chartier, qui défend Taoufik Elouardi, dénonce de trop nombreuses « zones d'ombre et trop d'incertitudes » dans le dossier.

Après 1 h 15 de délibéré, Taoufik Elouardi et Arif Poyraz ont été condamnés à 6 ans de prison. Et Hamid Ben Salam à 3 ans.


Igor BONNET.